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Haïkus à Paris 
Illustrations de Hana Kanehisa

« Haiku à Paris » est une collection de dessins à l’encre que j’ai réalisée en collaboration avec Zazous Editions, une entreprise familiale qui est aussi un acteur incontournable de la carterie en France. Je propose ici une promenade dans Paris sous le prisme des estampes japonaises traditionnelles. Chaque vue est accompagnée d’un haïku, un poème classique nippon.
Ces illustrations sont commercialisées sous la forme de cartes dans les librairies indépendantes de la capitale. Pour plus d’information sur les points de vente, vous pouvez contacter Zazous Editions

La Tour Eiffel enneigée

Je les mangerais
Ces flocons duveteux
Qui volettent dans le ciel. 

Issa (1763-1828)

Protégée par son parapluie, une promeneuse marche avec son chien dans les jardins de la Tour Eiffel.
J’ai puisé mon inspiration dans les vues parisiennes d’Henri Rivière ainsi que dans les estampes de Kawase Hasui
Je me suis attachée à dessiner la structure de la Tour Eiffel tout en transparence, comme si c’était un morceau de dentelle posé sur un motif enneigé. 

Le Pont des Arts

 Perdu dans mes pensées
J’ai déjà traversé le pont. 

Hosai (1885-1926)

Dans cette vue, les nuages roses évoquent non seulement la rêverie du promeneur, mais ils constituent aussi un artifice pictural pour créer une transition entre le premier plan et le fonds. Comme j’ai voulu retranscrire l’esprit des estampes traditionnelles japonaises, je ne pouvais pas avoir recours à la perspective cavalière. J’ai opté pour une axonométrie, c’est-à-dire que les lignes ne convergent pas vers un point de fuite. Le parallélisme est conservé. C’est uniquement l’échelle des éléments qui génère une illusion de profondeur. Ainsi, la Seine, le pont des Arts, Orsay, l’Institut de France sont dessinés en grand. Le musée d’art moderne, à l’arrière, est plus petit. 

Le Pont Neuf

Tous les mouvements de mon coeur
Je les confie au saule

Basho (1644-1694)

Il y a des jours où l’on se sent heureux, et d’autres où la mélancolie s’empare de nous. De même que le saule s’abandonne au vent, on peut laisser les pensées traverser son esprit, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Dans ce dessin, j’ai voulu travailler sur les reflets dans l’eau à la manière de Kawase Hasui. Ce maître de l’estampe du 20e siècle compte parmi ses chefs-d’œuvre des gravures d’architectures occidentales comme le pont de Nihonbashi. Pour la composition, je me suis inspirée de Hiroshige, avec un premier plan disproportionné et en quelque sorte « aplati » : le feuillage de l’arbre ressemble à un motif de kimono.

Jardin du Luxembourg

L’oiseau chante
Et laisse tomber
Une baie rouge

Shiki (1867-1902)

Les chaises vertes si typiques du jardin du Luxembourg constituent le sujet de ce dessin. Ici, j’ai voulu jouer avec la composition de l’estampe japonaise, tout en faisant hommage à Sempé. La référence à Hiroshige se retrouve avec ce tronc d’arbre placé parfaitement au milieu, ce qui est assez rare dans la peinture occidentale. Mais pour l’ambiance, la couverture du New Yorker datée du 20 mai 1985 par Sempé a constitué mon inspiration. Personne n’occupe ces chaises posées ça et là, mais elles semblent animées par de vives discussions. J’ai aussi voulu travailler sur ce qu’on appelle en japonais le « komorebi » – la lumière du jour qui filtre à travers le feuillage d’un arbre, et qu’Auguste Renoir a si bien su représenter. 

Collection carte Haïku

Notre-Dame et ses cerisiers

Fleurs de cerisiers
Êtes-vous insatisfaites
Pour si vite tomber ?

Kobayashi Issa (1763-1828)

Au pays du soleil levant, le « hanami » (littéralement, « regarder les fleurs ») est une coutume traditionnelle qui consiste à fêter la floraison des cerisiers. Entre la fin mars et la mi-avril, les Japonais se retrouvent pour boire et manger en admirant la beauté éphémère de ces arbres. Dans cette illustration, le sujet principal n’est plus Notre-Dame, mais les cerisiers dont les pétales s’éparpillent au-dessus de la Seine. Pour la composition, c’est une vue de Hiroshige – le pont-tambour de Meguro et la colline du couchant – qui m’a inspirée. En effet le pont au Double présente des dimensions similaires à la passerelle de l’estampe. 

Collection carte Haïku

Les jardin du Trocadéro

Ils font rejaillir
Une foule de souvenirs
Les sakuras en fleurs

Matsuo Basho (1644-1694)

Cette illustration est la toute première que j’avais créée pour cette collection et elle en a donné le ton : la nature qui s’exprime dans Paris, une ville si minérale. Je décidai donc de m’atteler à ce projet avec les sakuras et la tour Eiffel, d’où les jardins du Trocadéro. J’ai préféré une représentation des fleurs sous la forme de motif de kimono à une vision réaliste. C’est après avoir dessiné ainsi les cerisiers que j’ai opté pour un ciel nocturne, car je trouvais qu’il faisait ressortir davantage le rose des pétales. Le bateau est un clin d’œil à Riohei Yanagihara, un illustrateur qui est de la même génération que Sempé et que j’adore. 

Collection carte Haïku

Quai de Grenelle

Coquelicots à peine éclos
Le vent, aujourd’hui,
Déjà vous effeuille

Masaoka Shiki (1867-1902)

Au Japon, le train est bien plus qu’un moyen de transport : c’est un art de vivre, une passion. Chaque ligne, chaque rame possède sa musique, ses couleurs, son caractère. On les photographie, on collectionne des objets à leur effigie, on les écoute démarrer. Quand nous habitions à Kamioooka, un quartier de Yokohama, la crèche de mon fils aîné intégrait souvent aux promenades un moment où les enfants pouvaient contempler la Keikyû, un joli train rouge qui traverse la baie. C’est leur regard émerveillé qui m’a inspiré cette carte : le métro parisien, la Tour Eiffel, les coquelicots légers et sauvages, comme un pont entre la France et le Japon. 

Collection carte Haïku

Montmartre – glycines

Montmartre – glycines

Fatigué
C’est l’heure de rentrer à l’auberge.
Oh, une glycine en fleurs !

Mastuo Basho (1644-1694)

Quand je lis ce poème, je m’imagine un voyageur exténué. Alors qu’il qu’il marche en regardant ses pieds, il est peut-être soudain surpris par un parfum floral. Il lèvera alors les yeux et sera émerveillé par le spectacle d’une glycine en fleurs. Cette présence le rassurera peut-être aussi car il trouvera un repère naturel et familier dans un univers qui lui est inconnu.

C’est cette ambiance que j’ai voulu recréer à travers cette illustration nocturne de la rue de l’Abreuvoir. Je me suis inspirée de la vue du sanctuaire Kameido d’Hiroshige pour dessiner les pétales. Au loin, on voit le toit du Sacré-Coeur.

Collection carte Haïku

Place Blanche

Pluie de printemps
La nuit tombera bientôt
Hier comme aujourd’hui

Yosa Buson (1716-1783)

L’entrée du métro art nouveau de Guimard semble faire écho au platane qui se dresse au premier plan. À l’arrière-plan, la silhouette du Moulin Rouge et les façades de Paris se reflètent sur le sol mouillé. Pour cette illustration, je me suis appuyée sur des images d’archive de Paris car je voulais dessiner cette place sans voiture et avec ses pavés, comme un clin d’œil à la rue de Paris de Caillebotte. Le cadrage de l’entrée est quant à lui inspiré d’une estampe de Hiroshige qui représente un torii, un portail qui marque l’arrivée dans l’enceinte d’un sanctuaire shinto. 

Collection carte Haïku

Pont des arts

Il se penche sur le vieux fleuve
Et bourgeonne
Le saule pleureur

Matsuo Basho (1644-1694)

Pour moi, le Square du Vert Galant depuis le Pont des Arts sonstitue l’une des plus belles vues de Paris. D’ailleurs, j’admire beaucoup les dessins qu’en ont fait Jean-Jacques Sempé et Ronald Searle. Comme dans la précédente illustration, le mobilier urbain fait écho à la nature. Ici, le bas-relief du feuillage du lampadaire dialogue avec les saules pleureurs de l’île de la Cité. La composition s’inspire librement d’une estampe de Hiroshige, Nihonbashi to Edobashi, où le garde-corps du pont dessine une ligne oblique qui guide le regard.

Collection carte Haïku

Sacré coeur – marguerites

Dans le vent de printemps
Une floraison soudaine
Et gorgée de rires

Matsuo Basho (1644-1694)

Collection carte Haïku

Toits tulipes

Il virevolte
Comme si le vent l’avait emporté
Ce papillon solitaire

Masaoka Shiki (1867-1902)